[Film] Morse (2008)

[Film] Morse (2008)

Ce qui frappe d’abord dans Morse, c’est le choix du cadre spatio-temporel, qui tranche radicalement avec les atmosphères gothiques, aristocratiques ou orientalistes de beaucoup de films de vampires. L’action se déroule en effet dans la Suède pauvre des années 1980, au cœur d’une ville glaciale, envahie par la neige et vidée de ses habitants. De cette association unique émerge une atmosphère que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs et qui sera renforcée par la froideur des personnages mêmes. Ceux-ci toujours distants entre eux, échangeront parfois quelques paroles poussives et monocordes entrecoupées de longs silences contribuant ainsi à la construction d’une esthétique clinique et déshumanisée qui se marie parfaitement avec le thème du vampire. Dans Morse, les êtres vivants ressemblent tous à des cadavres ambulants, barricadés dans leurs HLM-cercueils, exclus de la société et ne ressentant rien, hormis la solitude et la haine.

Malheureusement, cette déshumanisation va sans doute trop loin et constitue à mon sens le défaut majeur du film : à trop être vidés de leur âme, les personnages principaux manquent cruellement de profondeur. Le scénario en lui-même est assez basique – une histoire de chasse, de harcèlement et de vengeance enjolivée de quelques péripéties et non exempte de deus ex machina – et les protagonistes sont caractérisés de manière beaucoup trop simpliste – on sait peu de choses du héros, en dehors de son désir de vengeance et de son inaptitude sociale. Quelques pistes sont parfois évoquées ici et là (la relation de l’enfant avec son père, la cicatrice mystérieuse de la vampire), mais elles sont trop superficielles pour parvenir à contrebalancer la pauvreté de l’intrigue. Enfin, la musique, qui savait pourtant se faire discrète durant la majeure partie de l’oeuvre, est d’une lourdeur excessive dans les scènes finales : ses notes dramatiques sont inaptes à nous communiquer la détresse du héros et m’ont laissé un arrière-goût de film raté, au potentiel intéressant mais loin de remplir ses promesses de finesse et d’originalité.


Film regardé le 30 juillet 2018.

Note : 5/10

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